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Edouard Sautai

  • Edouard Sautai

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  • Sur une proposition de la Galerie Fernand Léger ; et après son intervention récente et pérenne au sein de l’espace public La rémanence du passing shot (2017), Edouard Sautai poursuit son exploration de la ville, qu’il arpente et connait depuis plusieurs années. Invité à intervenir dans et hors les murs de la Galerie, Edouard Sautai déploie in situ le projet FLOOD sur les 1 000m2 de l’espace d’exposition et dans le Kiosque Raspail situé à proximité.

    Deux architectures, mémoires du plan de rénovation urbaine conduit à partir de 1968 par les architectes Jean Renaudie pour la première, et Renée Gailhoustet pour la seconde, aujourd’hui témoins du fort ancrage de la création artistique contemporaine au coeur d’Ivry, et d’une volonté politique de rapprocher oeuvres d’art et usagers du territoire.

    L’étude circonstanciée d’un contexte, l’expérience du monde par l’expérimentation des matériaux et la subversion des regards sont les conditions nécessaires au sens de l’oeuvre chez l’artiste Edouard Sautai qui développe une pratique de sculpture, de dessin, de photographie, de film vidéo, d’intervention et de performance. A l’appui d’une connaissance théorique et pratique étendue, des recherches scientifiques et artistiques conduites durant la Renaissance italienne, de l’histoire de l’art et de l’architecture, de savoir-faire techniques, jusqu’à la genèse et le contexte du lieu d’exposition, FLOOD offre un parcours d’oeuvres qui fait narration,

  • modifie la perception usuelle des espaces investis, et suggère chez le visiteur de nouvelles pratiques mentales et sensorielles. C’est en particulier le cadre architectural et urbain de l’espace investi et sa proximité avec la Seine qui accompagnent le projet conçu par Edouard Sautai pour la Galerie Fernand Léger, avec un ensemble d’oeuvres qui acte de cette recherche incessante de déconstruction des acquis. Les deux oeuvres qui ouvrent l’exposition, Intersections (2009 – 2017) - sculpture versus architecture faisant socle et sol pour le visiteur -, et Mazzocchio (2017) - sculpture illusoire, fragment plutôt que tout -, éprouvent d’emblée le regard et provoquent le caractère non définitif de l’architecture. A proximité, le fleuve

    qui dessine depuis l’amont jusqu’à son aval une géographie tout aussi connue que cachée, dévoile une cartographie concrète autant qu’une image sensible inattendue et inusitée avec Fil de Seine (2017) et Flood (travelling fluvial) (2016). L’eau, qui affleure effectivement aux murs de la galerie, que l’artiste s’emploie également à révéler dans Miroirs (2013-2017), et à expérimenter comme « matériau » aux côtés de l’acier, du bois et de la lumière, dans sa dimension tumultueuse et bouleversante, est le flux constant de l’exposition, un paramètre conducteur et agitateur.

    Le jeu et de la dérision sont d’autres attentions de ce travail, depuis Prendre un bol d’air, vidéo sonore produite dès 1994, où l’artiste lui-même paraît contrecarrer quelques principes physiques, et jusqu’aujourd’hui avec Monumelt, vidéo sonore (2017), qui dissout l’illusion patrimoniale de l’architecture. Un principe que l’on retrouve dans l’oeuvre Water polo stadium (2017) où l’eau encore, et la lumière, tout autant que sa nouvelle dénomination, pervertissent et valorisent à la fois l’architecture du Kiosque.

    En artiste chercheur qui interroge sciences tangibles et expériences sensibles, Edouard Sautai propose aux visiteurs le scénario d’une tempête productrice de renversements de point de vue. Au sens de la perspective, de la perception visuelle et mentale, tout autant que du regard critique. Un autre process pour faire oeuvre, celui d’un engagement poétique, éphémère et fragile.

    Valérie Knochel Abecassis
    Février 2017

  • Galerie Fernand Léger